Lyon : Qui est Mayline Tran, la jeune fille à l’origine de la béatification de Pauline Jaricot ?
Pauline Jaricot, fondatrice de l’œuvre catholique de la Propagation de la Foi, sera béatifiée le 22 mai à Lyon. A l’origine de cette béatification : Mayline Tran, une enfant dont la survie a été reconnue comme miracle par l’Église
Miraculeuse, Mayline Tran l’est forcément. A voir cette jolie adolescente de 13 ans échanger des sourires complices avec ses parents, on se dit qu’on lui donnerait le bon Dieu sans confession. Sauf que Dieu, semble-t-il, s’est déjà penché sur elle. C’est ce qu’avance l’Eglise, ainsi que les fidèles de Pauline Jaricot, cette Lyonnaise qui sera béatifiée à Eurexpo le 22 mai, et dont l’intercession est invoquée pour expliquer que Mayline soit en vie aujourd’hui.
Ce mercredi, Mayline et ses parents sont venus à l’église Saint-Polycarpe (Lyon 1er) présenter le livre racontant son histoire. La jeune fille ne souhaite pas s’exprimer directement aux médias, pour éviter des débordements sur les réseaux sociaux. Alors c’est son père, Emmanuel, auteur du livre, qui raconte comment, un soir de 2012, sa fille alors âgée de 3 ans s’est étouffée avec une petite saucisse. « Elle a fait un arrêt cardiorespiratoire, je lui ai fait un massage cardiaque en attendant les secours. A l’hôpital, elle a fait plusieurs autres arrêts, et une embolie pulmonaire, avant de tomber dans le coma. Dix jours après, les examens étaient désastreux : son cerveau avait cessé de fonctionner. Tout s’écroulait », raconte-t-il, encore très ému.
Un état jugé irréversible
Le corps médical finit par annoncer l’arrêt imminent des soins de l’enfant, dont l’état est jugé irréversible et sans espoir. Les parents refusent. « Pendant ce temps, la mère d’une camarade d’école de Mayline a lancé une neuvaine, une prière durant neuf jours adressée à Pauline Jaricot », poursuit Emmanuel Tran, qui avoue avoir lui-même ressenti certains signes inexplicables à l’époque. Contrairement à son épouse, Nathalie, il n’était pas pratiquant.
La famille, qui vivait alors dans le Beaujolais, déménage à Nice où les Tran avaient prévu d’ouvrir un restaurant. Et là, presque du jour au lendemain, l’état de Mayline s’améliore. Elle ouvre les yeux : ses parents y décèlent de la vie, là où autrefois, ce réflexe neurologique ne leur montrait qu’un noir de néant. « Nathalie m’a alors dit : elle est là elle est revenue. Même s’il y avait encore des moments d’absence, son état s’améliorait rapidement. Et un jour, elle s’est tournée vers mon épouse, et elle a dit : « Maman »… »
Aucune séquelle, aucune explication médicale non plus
Un médecin était présent dans la chambre à ce moment précis. Ni lui, ni le reste de la communauté médicale n’ont pu expliquer ce rétablissement spectaculaire. Très vite, Mayline a pu se lever, marcher, reprendre sa vie sans aucune séquelle. Alors a commencé le long parcours de la reconnaissance du miracle. Un long « procès », comme on l’appelle, et qui s’est terminé il y a deux ans par la validation du pape François. « Nous, on avait vécu notre miracle depuis longtemps », sourit Emmanuel Tran. « Depuis, on a fait en sorte que Mayline ne se sente pas différente. Surtout, qu’elle ne soit pas cataloguée de folle. On l’a protégée au mieux. »
Lui-même a progressé dans son chemin de foi. « Nous sommes des personnes normales dans un monde à peu près normal », ajoute-t-il. « On peut se sentir dépassé, mais pour moi, l’important, c’est de faire comprendre que les miracles existent. On a du mal à le croire, comme moi par le passé, on a tous des doutes. C’est énorme, on le gère comme on peut, mais au final le message est très beau : tout le monde peut en bénéficier. »
Mayline écoute le récit de son père. Lorsqu’il termine et retourne s’asseoir près d’elle, elle lui adresse ses deux pouces levés. Une ado enjouée, tout à fait normale : miraculeuse, donc.
Photo et rédaction : Jennifer Lesieur pour 20minutes